Prix Goncourt des lycéens

Tisté Freneuil, TG03 -

Après plus de deux mois de lectures assidues des 14 romans en lice, issus de la première sélection de l’Académie Goncourt, les lycéens délégués de chaque régions ont délibérés à huis clos le lundi 25 novembre 2024. Il en ressort une liste de 5 romans finalistes, parmi lesquels figure le prochain lauréat du Prix Goncourt des Lycéens 2024 :
Sandrine Collette, Madelaine avant l'aube (Lattès)
Rebecca Lighieri, Le club des enfants perdus (P.O.L)
Thibault de Montaigu, Coeur (Albin Michel)
Olivier Norek, Les guerriers de l'hiver (Michel Lafon)
Abdellah Taia, Le Bastion des Larmes (Julliard)

Le jeudi 28 novembre 2024 à Rennes, les 13 lycéens délégués nationaux ce sont réunis pour les délibérations finales à huis clos.
Les lycéens ont choisi de décerner le 37ème Prix Goncourt des Lycéens à Sandrine Collette pour son roman “Madelaine avant l’aube” paru aux éditions JC Lattès.
Loin des romans autocentrés, Madelaine avant l’aube raconte une histoire, avec des personnages bien trempés, une confrontation à la nature. Les scènes, jusque dans leur virulence, laissent le lecteur abasourdi, alors même que des trouées de lumière viennent bouleverser l’ordre établi : « Le monde est laid et nous n’y pouvons rien. Et pourtant, au milieu de ce désespoir, il existe des étincelles qu’aucun malheur n’arrive à briser concrètement », écrit-elle.(La Croix).
Ceux connaissant le style de l’écrivaine pourrait s’attendre à un roman noir classique, mais trouveront “Madelaine avant l’aube” une histoire qui serre les cœurs pendant des jours. Dès les premières pages, l’écriture de Sandrine Collette happe. Les phrases, courtes et tranchantes, décrivaient la rudesse des Montées comme si l’on y étais. Grâce au soucis du détails dont fait preuve Sandrine Collette dans son roman, on ressent le froid de l’hiver, la terre ingrate sous ses ongles, la faim tenaillant le ventre des personnages.
Madelaine, cette enfant sauvage, fascine. Son courage, sa colère sourde, c’était comme voir un feu s’allumer dans la nuit. Certaines scènes bouleverse, surtout quand notre héroïne défiait l’injustice avec cette rage d’enfant. Je me souviens d’un passage où elle brandissait une hache, un symbole de révolte qui m’a fait frissonner.
En classe, les débats étaient intenses. Certains trouvaient le livre trop sombre, certains y voyait une lueur d’espoir. La façon dont les femmes du hameau résistaient en silence, leur solidarité, cela fait repenser à des injustices actuelles. Enfin, il y avait cette question qui nous a tous divisés : Madelaine est-elle une héroïne ou une destructrice ? Ce roman nous a marqué parce qu’il ne triche pas. Il montre la vie crue, mais aussi la beauté des âmes qui refusent de plier.

La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, et le Directeur général du groupe Fnac Darty, Enrique Martinez, félicitent chaleureusement la lauréate et remercient les lycéens qui se sont engagés avec ferveur dans la lecture des ouvrages, et qui ont échangé et débattu avec enthousiasme lors des délibérations pour l’attribution du Prix Goncourt des Lycéens 2024.(Education.gouv)

Créé en 1988, à l’initiative de la Fnac et du ministère de l’Éducation nationale, avec l’accord de l’Académie Goncourt et d’après sa sélection, le Prix Goncourt des Lycéens donne l’opportunité à près de 2 000 élèves de lire et étudier des ouvrages de littérature contemporaine. Ce jury est issu d’une cinquantaine de classes de lycée (seconde, première, terminale ou BTS) des filières généralistes et professionnelles, cette année la classe de Terminale HLPhi de JPS en a pu participer à cette aventure qu'ils considèrent unanimement comme très enrichissante, instructif et profitable.

Le jury de cette année a donc dû choisir entre Sandrine Collette ("Madelaine avant l'Aube", JC Lattès), Rebecca Lighieri ("Le Club des enfants perdus", P.O.L), Thibault de Montaigu ("Coeur", Albin Michel), Abdellah Taïa ("Le bastion des larmes", Julliard) et Olivier Norek ("Les Guerriers de l'hiver", Michel Lafon).

Nous vous les conseillons car, de son côté, Rebecca Lighieri, alias de l'écrivaine Emmanuelle Bayamack-Tam, a créé le choc et la polémique avec les scènes de sexe parfois très crues dans "Le Club des enfants perdus", récit percutant et poignant pour certains mais "roman explicitement pornographique" et inapproprié pour des jeunes selon d'autres.
Ensuite, tout juste récompensé par le prix Interallié, "Coeur" semble lui presque trop sage pour des adolescents. Dans ce roman autobiographique, Thibault de Montaigu évoque son ascendance, son père cardiaque mais aussi un ancêtre au cœur bien accroché qui s'illustra dans une charge de cavalerie en 1914.
Sans oublié, la dose de folie et de rébellion qu’à procurer la lecture du livre d'Abdellah Taïa, "Le Bastion des larmes", succès critique de la rentrée littéraire française couronné par le prix Décembre. L'écrivain marocain, musulman et gay revendiqué, y évoque les violences contre les enfants et la discrimination des homosexuels dans son pays natal, louant également l'esprit de révolte et de liberté à travers des personnages féminins inspirés de ses huit sœurs aînées.
Et enfin, l'écrivain à succès Olivier Norek, ancien policier en Seine-Saint-Denis qui avec "Les Guerriers de l'hiver" a délaissé les polars réalistes pour un roman historique sur la guerre entre la Finlande et l'Union soviétique en 1939-1940, autour d'un personnage de paysan sniper, Simo la "Mort Blanche". Son livre a reçu le prix Jean Giono.

La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, et le Directeur général du groupe Fnac Darty, Enrique Martinez, félicitent chaleureusement la lauréate et remercient les lycéens qui se sont engagés avec ferveur dans la lecture des ouvrages, et qui ont échangé et débattu avec enthousiasme lors des délibérations pour l’attribution du Prix Goncourt des Lycéens 2024.(Education.gouv)

Participer au Prix Goncourt des lycéens a été bien plus qu’un simple concours de lecture. D’abord, ça à poussé chacun des élèves participants à sortir de sa zone de confort : lire une quinzaine de romans en quelques semaines, c’est un défi, mais aussi une fierté. Le plaisir de finir un livre entier, de découvrir un genre nouveau, de pouvoir discuter de ses lectures avec d’autres et enfin de rencontrer l’écrivain ou l’écrivaine à l’origine du roman, tout juste lu… Grâce au prix Goncourt, nous avons été amené, nous, la classe de terminale HLPhi à découvrir des histoires qui ont pu nous surprendre, nous troubler, parfois même nous bouleverser.
En classe, les débats étaient intenses. On apprenait à défendre nos coups de cœur avec des arguments, à écouter les autres, à changer d’avis. Ça m’a ouvert l’esprit.
Rencontrer les auteurs a été un moment fort, voir que derrière les pages, il y a des personnes avec des doutes et des passions, ça rend la littérature vivante, on comprend pourquoi l’auteur a pu faire tel ou tel choix lors de l’’écriture de son roman.
Et puis, ce prix, c’est une aventure collective, un sortie à Rennes, une cohésion dans la classe en a émergé, alors tus réunis dans un même but. Se sentir membre d’un jury, voter pour un lauréat à Rennes… On réalise que notre avis compte, surtout pour un prix si important.